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Publié par Christian Hivert

Des différentes raisons de se bouger le cul…

 

Marion, cependant, loin de se douter à quel point elle poussait à la réflexion les garçons qu’elle croisait était en train de bien se prendre la tête à coller un nénuphar en résine algophtylique sur le front d’une sculpture de bois qu’elle venait de finir. Le titre en serait « idée absconse » mais pour le moment cela ne tenait pas. Elle fit une nouvelle tentative, puis laissa tout tomber pour aujourd’hui. Il faisait beau et peut-être que Pat-Lou passait l’après-midi dans son atelier.

Ses petits seins durcirent d’un coup à l’idée d’aller le surprendre et que là dans quelques minutes si elle le souhaitait elle se ferait prendre, couchée dans la sciure de l’atelier, sous le regard impavide du vieux moustachu du sixième en face, dont la fenêtre se reflétait dans la monumentale glace de l’armoire sur laquelle travaillait justement Pat-Lou. Il suffisait de.....

Pat-Lou était bien là, mais le vieux n’était pas à sa fenêtre. Elle le quitta au bout de quelques instants et s’en fut en baguenaude rêveuse le long des rues. Elle avait une décision importante à prendre pour sa vie et cela la hérissait de partout. Décidément rien n’était simple. Rien n’avait jamais été simple pour elle et rien ne le serait jamais. Mais il fallait qu’elle arrive à se décider et vite, l’échéance était fixée à la fin de la semaine. D’ici là il fallait qu’elle prépare sa réponse, et depuis des mois elle tergiversait.

Voyons, qu’est-ce qui était le plus important pour elle ! Jusqu’à présent elle avait toujours mené sa vie à tâtons, sans trop y réfléchir, sans pour autant faire n’importe quoi, mais aucun choix qu’elle avait fait n’avait présenté d’engagement total, en profondeur comme celui qu’on lui demandait de faire maintenant.

Elle n’arrivait pas à s’y résoudre. Si elle suivait sa logique de vie, ses principes, ses engagements moraux, elle ne pouvait pas reculer, il fallait qu’elle accepte. Si par contre elle suivait son instinct, son caractère, ses lubies et ses fantasmes, si elle n’était pas prête à rompre avec ses envies de l’instant, si elle ne se sentait pas de se contraindre à une trop grande discipline de vie, il valait mieux qu’elle refuse, incontestablement.

Mais en refusant, elle heurtait profondément son éthique personnelle. Pourrait-elle vivre comme cela. Jusqu’à présent le problème ne s’était jamais posé . Elle avait toujours pu mener ses bagarres, ses luttes sans se contraindre, en continuant sa vie de plaisirs, sans jamais se refuser quoi que ce soit que son corps ou son âme n’ait envie. Alors pourquoi maintenant. Qu’est-ce qui ne collait pas ?

Elle marchait lentement en ruminant et plus elle ruminait, plus elle s’embrouillait, mais la réponse, claire et lucide, survenait. Comme elle passait devant la gare St Lazare elle eut une idée qui peut-être aiderait à la résolution de son tourment.

Grâce à sa carte « travailleur toutes zones », elle pouvait se rendre partout où elle voulait dans toute la région Ile de France, sans achat supplémentaire de crédit transport, ni justificatif de déplacement.

C’était un privilège assez peu partagé, mais avec des parents cadres à la Société Publique de Transports Urbains, cela n’avait rien d’extraordinaire. Depuis la grande rationalisation et les petites qui en découlaient, il était devenu très ardu pour tout un chacun de pouvoir circuler où bon lui semblait.

Des postes de contrôles électroniques étaient installés partout et seuls ceux qui étaient munis des cartes d’autorisation d’utilisation du transport public pouvaient les franchir sans risque. Peu à peu la rationalisation de l’utilisation des transports public s’est mise en place. A chacun une autorisation en corrélation avec son activité et son utilité dans la société.

De la même manière avait été rationalisée la circulation automobile. Seuls pouvaient emprunter les tunnels automobiles à bord d’un véhicule privé ceux qui occupaient un rang supérieur et avaient une activité indispensable au processus. Selon des critères déterminés par les gros ordinateurs processoraux et la caste de ceux qui les géraient. Les autres se contentaient de remplir les wagons dans les tunnels ferroviaires de transports urbains.

Et leurs autorisations de transport, en dehors des va-et-vient domicile-lieu de travail étaient déterminés en fonction de la catégorie socio-professionnelle à laquelle ils appartenaient. Pour exemple un père de famille, travailleur de classe A, (travail sans responsabilité ), la plus répandue, ayant de la famille dans l’agglomération des trois Paris avait une autorisation pour un aller-retour par week-end.

S’il en désirait plus il devait faire une demande spéciale et remplir un dossier avec justificatifs, les frais de transports supplémentaires (très élevés) étant déduits automatiquement de son crédit salarial mensuel. Tout un système complexe de dérogations et d’exonérations pour les situations les plus diverses assuraient un minimum de fluidité à l’ensemble.

Mais, là, Marion, elle, n’avait pas de souci à se faire de ce côté là, ce qui était très agréable. Elle pouvait se rendre où elle voulait dans les limites horaires de circulation soit de 5h du matin à 1h du matin tous les jours. Elle en profitait.

Et ce privilège représentait justement une partie du problème qu’elle avait à résoudre.

Au moment où Marion montait dans le train, Jojo se leva et s’étira et Omar de la bande des Milles, l’un des seuls qui puisse se dire ami intime avec Miro, sortit de la salle de prière, comme chaque jour à la même heure, régénéré.

Lorsque Marion débarqua, parmi la cohue des travailleurs des cité-bidons, à la gare de Mantes-cités, le contraste la chopa aux tripes.

Ça faisait longtemps qu’elle n’était pas venue traîner ses guêtres par ici et c’était vraiment saisissant. Sa mémoire l’aida à se réadapter à ce qu’elle voyait. Mais comment les gens qui vivaient là pouvaient-ils l’endurer. Cet espace morne et bétonné. Ces grilles de protection autour de chaque barre de logement et ces gardes avec leurs chiens, c’était tout simplement délirant. Elle se demandait si les gens qu’elle venait voir allaient la reconnaître et vouloir l’aider .

Elle était bien consciente qu’elle avait un style de vie beaucoup plus paisible, et que l’on pouvait bien lui en vouloir, lorsque l’on n’avait rien d’autre que son instinct de conservation pour survivre. Le seul dont elle était sure de pouvoir le trouver c’était Alfred , vu qu’il venait trimbaler sa trombine régulièrement dans les squats radicaux de Paris, elle avait son contact, il pourrait la guider. Mais en même temps, si elle s’adressait à lui, elle éventait un peu du secret qu’elle se devait de garder pour elle.

Et ce crétin d’Alfred avait tellement le désir de se rendre utile pour se faire voir que c’en était louche. Si les psychopols ne l’avait pas déjà repéré et catalogué, c’est que vraiment leur réputation était surfaite. Mais cela, elle ne le croyait pas. Mais en même temps le fait que cet Alfred soit si crétin et si répertorié comme crétin pouvait être une protection. Si seulement elle pouvait se passer de lui pour atteindre Omar.

Il n’était pas question qu’elle aille l’attendre à la Mosquée, trop d’yeux indiscrets et curieux la dévisageraient et tenteraient de se renseigner. Il ne fallait pas qu’elle se fasse repérer ni par les islamistes ni par les Dogues. Et comme Omar fréquentait les deux, c’était pas mal coton. Elle avait bien pensée à se maquiller, se déguiser, mais trop en faire était bien des fois pire que de ne pas prendre de précautions.

La nage en eaux troubles demandait beaucoup de doigté pour passer inaperçu. Mais elle savait faire. Elle se dirigea d’un pas décidé vers l’immeuble qu’Alfred lui avait indiqué à deux pas des barres de travailleurs. Il faudra qu’elle affronte la fameuse Samira qui viendra la flairer à coup sûr. Mais ça ne la dérangeait pas , au contraire un peu d’amusement pervers lui ferait du bien. Samira avait horreur qu’une belle fille traîne dans se parages, à moins qu’elle n’en ait besoin.

Et Marion avait horreur des reines. Sa figure préférée était le cavalier. Le cavalier qui galope librement et fièrement, ou encore le fou distrayant comme Jojo, ou encore la tour solide et imprenable comme Omar. Mais pas la reine avec ses privilèges. A cause de ses privilèges, justement ! Elle avait en horreur ces individus qui se permettaient de régner au milieu de leur petite cour. Mais s’il fallait se servir d’eux et si c’était pour la cause, il n’y avait pas le choix.

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